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78 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Était-elle considérée comme trop précieuse pour courir les hasards de la guerre'? Toujours est-il qu'elle ne figure pas dans le butin fait par les Suisses après leurs victoires de Granson et de Morat.
Le musée de Berne conserve neuf tapisseries qui, d'après la tradition, auraient décoré la tente du Téméraire à Granson. Sur l'une se voit une Adoration des Mages : c'est la plus ancienne; quatre autres, appartenant àune même suite, représentent la Justice de Trajan et VHistoire d'Herkinbald, que les artistes du moyen âge se plaisent à rapprocher. Cette série a pour nous un prix particulier, parce qu'elle reproduit fidèlement les tableaux de Rogier van der Weyden, placés autrefois dans la grande salle de l'hôtel de ville de Bruxelles, et détruits lors du bombardement de 1695. Chaque pièce est divisée en deux sujets, expliqués par des légendes latines.
Le duc Herkinbald avait donné un rare exemple d'impartiale et sévère justice en mettant lui-même à mort son neveu, coupable d'avoir fait violence à une jeune fille. Sentant sa dernière heure approcher, le duc refuse de s'accuser comme d'un crime de sa sévérité, et, l'évêque qu'il avait fait appeler lui refusant les derniers sacrements, l'hostie vient d'elle-même se placer sur la langue du mourant. Rogier van der Weyden avait représenté cette légende sur le tableau de Bruxelles, qui passait pour son chef-d'œuvre. On a pu constater que la composition cles tapisseries de Berne reproduit exactement les tableaux du maître flamand, connus par les descriptions des anciens historiens. M. Jubinal a donné un dessin au trait de.cette suite fameuse. C'est également à M. Jubinal qu'est due la gravure des quatre tapisseries représentant, en huit sujets accompagnés de légendes françaises, VHistoire de César. Nous donnons plus haut (p. 65) la reproduction d'une des scènes de VHistoire de César, conservée à Berne, à côté de la légende du duc Herkinbald.
Des doutes se sont élevés en ces derniers temps sur l'authenticité de la tradition relative à ia provenance de ces tapisseries. Ont-elles bien appartenu à Charles le Téméraire? N'est-il pas singulier de ne retrouver aucune d'elles dans les nombreux documents parlant du mobilier de la maison de Bourgogne? Quoi qu'il en soit de ces scrupules, les pièces de Berne semblent bien dater du xvc siècle, et leur âge n'est pas en contradiction avec la tradition.
Le même musée possède des tapis n'ayant pour toute décoration
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